Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, est-il possible de te présenter, ainsi que la marque District Vision ?
Tom Daly : Je m’appelle Tom Daly, et je suis le co-fondateur de la marque District Vision. On s’appelle « the mindful sports company », et on se concentre sur la création de produits et d’outils mentaux adaptés à la pratique du running.
On fabrique des lunettes au Japon. La famille avec laquelle on collabore conçoit des lunettes depuis trois générations. Ce sont aussi des coureurs. D’ailleurs, on se retrouve chaque année à Hawaii pour le marathon. On nomme chaque paire en l’honneur de nos ingénieurs Japonais. C’est un projet vraiment personnel. On est heureux de renforcer le label « made in Japan » en fabriquant des produits de sport de qualité.

Comment as-tu démarré la course à pied ? As-tu démarré à un moment précis de ta vie, ou alors cours-tu depuis toujours ?
Quand une personne réalise de longues distances en courant, elle a certainement rencontré une difficulté à un moment de sa vie. Je pense que ce sport attire davantage des personnalités de nature addictive. Personnellement, j’ai expérimenté une phase particulièrement destructrice dans ma vie. Ensuite, j’ai commencé à parcourir de longues distances, et j’ai apprécié la structure des équipes new-yorkaises. Dès lors que tu souscris à l’énergie collective du running, les choses te dépassent. L’objectif n’est pas de courir telle ou telle course, mais d’apprendre à parcourir les chemins de la vie. Quand tu réalises à quel point cela aide les gens, tu es rapidement dépendant de cette spirale positive.
C’est comme ça que je suis devenu coureur. Quant à Max, il cherchait à se focaliser sur une même chose pendant une longue période. Pour lui, l’aspect méditatif est crucial. Quand on a décidé de démarrer la marque, on a dû prendre quelques décisions. On a tous les deux un passif dans la mode, mais on ne souhaitait pas créer plus de jeans et de vestes en cuir. Les acteurs du milieu s’en occupent déjà très bien. On a commencé à appliquer notre état d’esprit au sport, et à la façon dont on pourrait aider les gens en créant une société de sport consciencieuse, orientée vers le bien-être. Ce concept évolue quotidiennement. Aujourd’hui encore, ce n’est pas plus clair pour nous qu’il y a trois ans.
On essaye de lier les tendances portées par les athlètes, même si elles ne vont pas forcément ensemble. On suit cette voie. Sur le papier, c’est une belle idée marketing. Dans la réalité, on a eu pas mal de chance dans la réalisation de ce concept.

Tu as mentionné la relation de Max avec la méditation. Comment cela se traduit-il dans la marque ?
Au début, on a remarqué une évolution progressive dans la communauté running. Il y avait différents types de coureurs, outre le stéréotype classique : une personne qui porte un vieux t-shirt, un short dépareillé et qui sort courir uniquement pour transpirer. Il y avait une curiosité croissante sur la façon de courir des gens, et notre souhait était d’aider la communauté à laquelle on appartenait. On n’avait pas besoin de créer un nouveau programme d’entrainement, car la plupart de nos amis savaient déjà comment courir.
À l’époque, il n’y avait pas ce qu’on appelle « des outils mentaux ». Il n’y avait pas de soutien pour la force psychologique. On voulait capturer le concept de curiosité mentale pour l’appliquer à la course à pied. Au départ, on voulait proposer ce service à nos amis proches. On a démarré avec cinq personnes allongées sur des tapis dans une pièce. On est rapidement passé de 100, 150 à 200 personnes. On en revient toujours à l’idée suivante : comment peut-on aider les gens ? J’aurais aimé que cela résulte d’un plan méticuleux, mais c’est le résultat d’une multitude de coïncidences.

Nous connaissons les chaussures de trail District Vision développée en partenariat avec Salomon et nous savons que vous allez sortir des lunettes conçues spécifiquement pour cette activité. Comment expliquez-vous ce tournant vers le trail ?
On croit aux collaborations techniques. On ne pourra jamais vendre une collaboration en changeant uniquement la couleur d’un produit déjà existant. Avec Salomon, nous créons uniquement des chaussures de trail car c’est leur cœur de métier, leur expertise. Il est inutile de les forcer à faire quelque chose contre nature, comme une chaussure de route par exemple. On a cette approche avec tous nos partenaires. Où sont-ils les meilleurs ? Que peut-on apporter à ce domaine de vraiment spécifique ? Quelque chose qui parle à 10 % ou 1 % des coureurs. On cherche à servir la communauté d’irréductibles coureurs en manque d’outils spécifiques.
Un résultat indirect de cette méthodologie, c’est que l’on a une large distribution non sportive. De nombreux magasins vendent nos produits à des personnes qui ne courent même pas. C’est peut-être parce qu’ils apprécient la clarté et la sincérité de District Vision. En ce sens, la marque est devenue plus grande que l’on pouvait imaginer.
On reste focaliser sur la conception d’outils très précis. On en revient souvent à la notion de rendre un service. On veut rendre service aux gens et leur offrir des choses qui n’existent pas encore. Il y a tellement de choix. Aujourd’hui, on doit avoir une raison spécifique pour créer quelque chose. On recherche continuellement des méthodes de production durables. Vous en verrez davantage dans nos vêtements et nos programmes de matériaux recyclés. On cherche à être responsable. Le sport est tellement vaste que c’est en étant spécifique que l’on fait la différence. Avec le temps, on cherche à atteindre ces objectifs.
Y a-t-il des informations secrètes que tu aimerais partager avec nous au sujet des prochaines collections ?
(Rires) Pas vraiment ! Mais vous pouvez compter sur nous cette année.

