Nous avons pris un coup de vieux en allant courir avec le OLD MAN RUN CLUB à New York.
Rencontre avec Ryo, Dao et Eugene pour un run matinal et un peu glacial dans la big apple.


Comment vous êtes-vous rencontrés ? Est-ce grâce à la course à pied ?
Dao : Je m’appelle Dao-Yi Chow. On s’est rencontré séparément. J’ai rencontré Eugene il y a 14 ou 15 ans, en 2004. J’ai rencontré Rio en 2008. Ryo et Eugene se connaissaient déjà.
Eugene : Je m’appelle Eugene Tong. J’ai rencontré Dao en 2004 et j’ai collaboré avec sa marque dès 2010. J’ai une formation de rédacteur en chef alors que Dao est graphiste. Nous avons créé le club en novembre 2016, après que Dao ait couru son premier marathon. J’ai commencé à courir en septembre de la même année et j’ai trouvé cool l'idée de pouvoir courir un marathon à mon tour. Quand j’ai commencé à m’entrainer, j’ai réalisé qu’il était très difficile de savoir quoi faire car je n’avais jamais vraiment couru auparavant. On se chambrait mutuellement et je disais que je me sentais comme une personne âgée. À partir de là, on a eu l’idée du « Old Man Running Club ». On a proposé à des connaissances de nous rejoindre.
L’année passée, on s’est tous entrainés pour le marathon. À ce moment-là, on parlait du club comme s’il était quelque chose de réel… Finalement, il est devenu bien réel (rires).
Ryo : Je m’appelle Ryo Yamamoto. Je suis directeur artistique chez Urban Studio, un studio de post-production. Dans un sens, on a tous suivi notre instinct. Dao créait des vêtements (ndlr : Dao est le co-fondateur et designer de la marque Public School NYC et ancien directeur artistique du label DKNY) et Eugene s’assurait que les gens puissent les porter (ndlr : Eugene est un styliste reconnu). Quant à moi, je faisais en sorte qu’ils plaisent au grand public. On a toujours été bons amis et on a commencé à courir ensemble quelque temps après. Ils sont beaucoup plus rapides que moi. Après le marathon, je leur ai avoué que j’avais détesté courir avec eux. Je ne voulais pas qu’ils m’attendent aux ravitaillements — en fait, je ne voulais pas perdre du temps en me reposant avec eux.
Dans la foulée, on a envoyé des messages groupés aux personnes qui s’étaient entrainées avec nous pour le marathon. C’était quelque chose d’assez simple. 16 sorties plus tard, on est encore en place.
Eugene : Après le marathon, on a cherché une raison pour rester motivés et continuer à courir ensemble. On faisait tous partie du projet Moonshot de la marque Nike. C’est là qu’on a rencontré presque tous les membres de notre club. On s’accordait tous à dire que les sessions d’entrainement en groupe étaient super efficaces. On voulait vraiment poursuivre une dynamique post-marathon, alors on a commencé à organiser des sorties longues chaque samedi. On court tous les samedis depuis.
À part ça, on essaie de courir tous les trois au moins une ou deux fois par semaine. Que du plaisir.



Vous amusez-vous toujours autant entre vous, ou commencez-vous à devenir plus compétitif ? Les choses deviennent-elles plus « sérieuses » ?
Ryo : C’est sérieux dans le sens où l’on veut continuer à courir. Quand j’ai couru le marathon de New York, j’ai dit aux gars que je n’en ferais qu’un. J’ai promis à Dao que s’il terminait un marathon, alors moi aussi. Le jour qui a suivi le marathon, on a fait graver nos médailles, on a déjeuné… Et on s’est aussi inscrit à la loterie du marathon de Berlin. En fin de compte, on a été sélectionné ! Ensemble, on représentera le Old Man Run Club durant le marathon de Berlin. On participe également au semi-marathon de New York demain, au semi-marathon de Brooklyn en mai, et on va tenter de se rendre à Tokyo en 2020 (une année olympique).
Dao : Je pense que notre club se démarque car on ne se prend pas au sérieux. On l’a créé pour les gens qui aiment ou adorent courir. On dit souvent que ce club n’est pas idéal pour ceux qui cherchent à établir un record personnel. Il existe beaucoup d’autres clubs spécialisés là-dedans à New York.
Je pense que la majorité de nos membres apprécient l’absence de pression. Personne ne se soucie de courir moins bien qu’un autre. On cherche avant tout à réunir des gens le weekend. On leur apporte une motivation pour qu’ils sortent de chez eux le matin. C’est notre ADN, notre identité. On cherche à impliquer des gens dans l’univers du running. Il existe d’autres programmes pour devenir un meilleur athlète. On vous fera découvrir ce sport d’une manière amusante, et on vous poussera un peu sur la distance. Mais on parvient à trouver un juste équilibre en n’étant jamais trop sérieux.
Individuellement, on a nos propres objectifs, mais en tant que groupe — Old Man and Old Woman Run Club — notre mentalité diffère. On a une vision à long terme. C’est un marathon, pas un sprint.
J’ai vraiment le sentiment qu’il existe un esprit de famille…
Eugene : La scène des clubs de running me rappelle vraiment la vente. La plupart d’entre eux ressemblent à des magasins — très sérieux, ils recherchent souvent la performance. À l’inverse, notre approche réunit une communauté autour d’un mode de vie. Un peu comme vous faites avec Distance. Il s’agit de courir et rencontrer de nouvelles personnes qui vous ressemblent.
En fait, l’idée consiste à être plus inclusif qu’exclusif.
OMRC : Exactement.
Eugene : Les clubs axés sur la performance peuvent être intimidants.
Ryo : Il y a quelques semaines, notre amie Katie a fait une sortie avec nous. On courait d’ici jusqu’à Flushing, dans le Queens — une distance de 21 kilomètres. Son objectif était d’atteindre le pont de la 59e, environ 10 kilomètres. Elle a fini par terminer l’intégralité du parcours. Elle a souffert pendant toute la semaine suivante, mais elle participe et termine chacune de nos sorties depuis. Elle en connait plus sur ses limites et sa mentalité a évolué. Peu importe l’allure à laquelle vous courrez, il suffit d’arriver jusqu’au bout.
Quelle est l’histoire derrière votre logo ?
OMRC : Le logo symbolise parfaitement l’idée du « Old Man Run Club ». Chaque fois qu’on courait, on avait mal partout le lendemain. Ça peut expliquer pourquoi on a voulu créer un produit amusant. Disons simplement qu’on adore les tigres volants (rires).




