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Conversation avec Jörg and Florian de BEINGHUNTED

Berlin,GE Texte : Yoann Wenger , Images : BEINGHUNTED

Bienvenue dans notre série de portraits les gars. Vous avez été sélectionnés parmi les meilleurs coureurs du monde, nous n’avons pas pu avoir Kipchoge alors nous nous sommes tournés vers vous !

Flo : Ce n’est pas vraiment une surprise pour nous d’être cités parmi les meilleurs coureurs du monde. Pour autant, nous sommes très honorés par votre invitation.

Jörg : Je n’ai pas peur de dire que je détestais courir dans ma jeunesse, je trouvais ça particulièrement ennuyant. C’est un sentiment qui met du temps à évoluer. J’adore faire du vélo. Mais la course à pied fait brûler plus de calories et on n’a pas besoin de dépenser tout son fric dans l’équipement ni d’emporter tous les outils pour changer les pneus, réparer la chaine, etc.

Florian Gemmrich
Jörg Haas

Plus sérieusement, comment allez-vous ? Pouvez-vous vous présenter et expliquer la mission que vous vous êtes donné à travers BEINGHUNTED ?

Jörg : Jörg est une version raccourcie de George en allemand. Mes parents ne se projetaient pas à l’international quand ils ont choisi le nom de mon frère (Thorsten) et le mien ! J’ai passé 10 mois aux Etats-Unis et un gars au lycée a prononcé mon nom (je l’ai juste entendu, jamais vu écrit) « Yawrg ». C’est exactement de cette façon que cela doit être dit. C’est le bruit qu’on entend quand on marche sur une grenouille (j’imagine) ou celui d’une porte qui grince. Je me retourne à chaque fois que j’entends ces sons en me demandant qui a appelé mon nom…

J’ai grandi en étant fasciné par le graffiti, le skateboard, le hip-hop, les musiques rave et techno, i-D, The Face, Stüssy, Anarchic, Adjustment et plus tard Acronym et Visvim. J’ai fait des études en sciences, marketing, psychologie et culture américaine à Munich (ma ville natale). Aujourd’hui je dirige une agence de web design, j’ai lancé Beinghunted en 2001 à travers un blog (un modèle pour beaucoup de site dédiés à la « hype » d’aujourd’hui). J’ai fait de la vente pendant 10 ans en distribuant toutes les marques que j’aime (Supreme, Wtaps, Visvim, Nike Tier0, New Balance, Vans, Stone Island, Kaws, Orignial Fake, etc.), puis j’ai quitté ce milieu pour mettre à profit mes 20 ans d’expérience et mes connaissances (en tee-shirts, vestes, sneakers) via une agence qui s’appelle aujourd’hui Beinghunted. Et comme si les projets de nos clients ne suffisaient pas, nous avons lancé notre magazine avec l’aide de nos amis et de notre réseau (Sacha & Maarten, Justin & John !) et j’ai également fait une collection de T-shirts Beinghunted. Juste par amour. Mais on est distribué dans de supers magasins, partout dans le monde.

Flo : Je m’appelle Flo, j’ai rejoint l’équipe Beinghunted fin 2017 après avoir travaillé pour Adidas, principalement en trend marketing mais aussi sur du brand marketing et sur la de la communication (interne et externe). En trend marketing, il s’agit d’être la personne qui fait le lien entre la culture et la marque, pas toujours évident dans une entreprise d’une telle taille. Chez Beinghunted, nous agissons en tant que consultants, agence créative, marque et galerie. Nous sommes connectés à un réseau international de personnes ayant le même état d’esprit et sur tous nos projets internes (pas ceux de nos clients), notre marque, notre magazine, notre gallerie, nous pouvons faire tout ce que bon nous semble et évoluer en totale liberté. En tant que consultant ou agence, nous lions ou traduisons des éléments entre les marques et la « culture », il s’agit d’un terme très large et nous ne pouvons certainement pas tout connaître mais dans le pire des cas, nous savons à qui demander un coup de main et tentons de faire en sorte que le contexte reste authentique quand les deux parties se rencontrent.

Comment avez vous commencé à travailler ensemble ? Quelle est la taille de votre équipe aujourd’hui et quels sont les projets récents sur lesquels vous avez travaillé et qui ne sont pas confidentiels pour que vous puissiez nous en dire quelques mots ?

Jörg : Quand j’ai déménagé à Berlin en 2005, je ne connaissais qu’une poignée de personnes. À travers le magasin, qui était un peu à l’écart des zones commerciales, j’ai eu l’occasion de rencontrer quelques gars très intéressants qui m’ont trouvé grâce aux marques (nous avions donc des bases communes déjà), la plupart d’entre eux sont devenus des amis. À cette époque, il y avait de nombreux évènements, soirées, inaugurations, etc. C’était facile de connecter. Flo travaillait pour une agence berlinoise dont j’étais proche depuis le début des années 2000. Grâce à Beinghunted, j’avais connu 4 ou 5 de ses prédécesseurs, nous n’avions jamais travaillé ensemble comme j’avais quitté mon magasin mais, comme il vous le confirmera, il m’a invité à faire un incroyable trip à vélo à travers le Tyrol du Sud. Probablement le plus beau voyage que j’ai jamais fait. On est resté en contact, quand j’ai lancé l’agence Beinghunted, il m’a donné du boulot et dès que j’en ai eu l’occasion, j’ai été ravi qu’il me rejoigne. Nous avons réalisé de supers projets ensemble nos centres d’intérêts et nos champs de compétences se complètent bien. Nous sommes aujourd’hui 5 dans l’équipe mais c’est un chiffre qui évolue. Je suis très enthousiaste à propos de notre dernière série de T-shirts Artifact parce que j’ai réussi à avoir la licence pour les images du peintre russe Vasily Vereshchagin de la gallerie d’Etat Tretiakov à Moscou. Tous nos projets avec la marque GORE-TEX sont cools car nous travaillons avec des marques et des gens pour qui j’ai énormément de respect. Notre showroom parisien pendant la fashion week avec Futura en janvier dernier fut un moment inoubliable.

Flo : J’ai rencontré Jörg peu après avoir emménagé à Berlin et nous avons travaillé ensemble sur plusieurs projets. Il faisait partie de la première édition de #adidasjourneys (un voyage à vélo à travers le Tyrol du Sud). Plus tard, Jörg a lancé l’agence Beinghunted et j’ai continué à travailler avec lui sur quelques projets adidas Consortium (j’étais en charge du marketing sur ce segment de la marque). Les planètes se sont alignées en 2017, j’étais à la recherche de nouvelles perspectives tout en souhaitant rester dans cette même industrie et Jörg avait besoin de soutien pour gérer et développer l’agence. Nous avons un nouveau magazine qui sort, de nouveaux tee-shirts et en ce moment, nous développons @themodernoutdoorstandard qui est un projet qui tient à cœur à toute l’équipe.

Quelle est votre vision sur le retour au premier plan du running. Depuis des années, vous avez vu beaucoup de tendances aller et venir, comment expliquez-vous ce trend de la course à pied ? (Si on doit payer pour cette réponse, merci d’adresser la facture directement à Guillaume).

Jörg : Comme mentionné plus tôt, je n’ai jamais accroché avec la course à pied. Je crois que la tendance a commencé quand (attention contenu sponsorisé !) Nike a lancé sa collaboration Gyakusou avec Jun Takahashi. Les produits étaient tout simplement incroyables et se vendaient très bien. J’avais des clients qui venaient toutes les saisons pour tout acheter. Littéralement tout, de la tête aux pieds. Les marques de sport ont commencé à réaliser qu’en dehors du lifestyle, leur raison d’être s’était évaporée à cause de toutes les initiatives marketing orientées vers le lifestyle. Elles ont donc recommencé à vraiment se concentrer sur le sport, le plus accessible étant le running… Vous vous souvenez probablement de tous les run clubs qui ont vu le jour autour de 2010. Puis ça a un peu coincé. En ce moment il y a une nouvelle vague, des marques plus progressives ont commencé à lancer leurs projets. C’est tellement simple d’aller courir. Aujourd’hui il y a des sapes cools à porter. C’est un facteur important, surtout pour la nouvelle génération de kids qui commencent à courir.

Flo : Une crise mondiale comme nous traversons remet pas mal de choses en perspectives, notamment le matérialisme et laisse de la place pour le bien-être des personnes. Je sais que cela a commencé depuis un moment, ca n’a pas été déclenché par la crise mais cela va s’accentuer pendant et après la crise. Pour résumer, je dirais que les gens essayent de prendre soin d’eux et courir est l’une des choses les plus faciles à mettre en place. Bingo !

Je sais que vous êtes tous les deux coureurs. Pour les gens qui ne s’y sont jamais vraiment mis, quel serait votre meilleur conseil pour débuter mais encore plus important, pour continuer ?

Flo : Si on parle des séances mêmes, je dirais de tenir 20 minutes dans un premier temps, après on se sent de mieux en mieux, si on parle du running en général, je pense que cela commence vraiment à être agréable quand on développe une certaine endurance (selon votre forme cela peut prendre quelques semaines en étant régulier). Ma vision de la course à pied a complètement changée quand j’ai commencé à avoir une approche holistique, j’ai commencé à m’intéresser à mon rythme cardiaque et à suivre un plan d’entrainement lié à ça. Cela m’a aidé à comprendre ce que je devais faire pour continuer à progresser.

Jörg : Je dois être honnête, je dois vraiment me faire violence pour aller courir. Cela veut dire me lever à 6 heure pour que mon esprit ne soit pas encore bien présent et que je n’ai pas à débattre avec moi-même des raisons pour lesquels je m’inflige ça. Je mets mes affaires juste à côté de mon lit pour glisser dedans et ne vraiment me réveiller qu’une fois en bas de chez moi dans la rue en voyant tous les autres runners et là je me dis « OK, why not ! Je ne peux plus faire demi-tour maintenant, je vais au moins faire un petit tour maintenant que je suis là ! ».

Combien de fois courez vous dans la semaine ? Suivez-vous un programme spécial ou vous courez juste selon vos envies ?

Jörg : Pas si souvent, il faut que la température soit idéale car je ne m’échauffe pas facilement et j’ai un problème au genou après avoir joué pendant 10 ans au Volleyball. Donc de la fin du printemps jusqu’à l’été. Dans mon pâté de maison, pas beaucoup plus loin. 1 à 2 fois par semaine. Je m’entraine aussi chez moi, j’alterne. Je dois aussi faire attention à mon cardio car je brûle mes calories facilement et je ne suis pas un gros mangeur. Donc si j’en brûle trop je vais avoir l’air d’une baguette très rapidement (certains diront que c’est un bon problème…).

Flo : Je cours 3 à 4 fois par semaine, 2 ou 3 sessions courtes et une sortie longue le week-end. Généralement, il y a un but derrière tout ça. Cette année j’avais simplement l’idée de faire plus de 1000 kilomètres, un objectif qui m’a permis de me motiver pendant les longs mois d’hiver et de m’inscrire à un semi-marathon avant que toutes les courses soient annulées. Je mets en place le travail de base et je voudrais voir si j’arrive à me surpasser sur un 10K cette année.

Quel est le principal avantage pour un coureur à Berlin ?

Jörg : Où j’habite, je peux vraiment courir dans un très beau quartier : Museum Island. C’est très cool d’y être au petit matin quand il n’y a personne. C’est marrant de voir les gens mal réveillés qui promènent leur chien et d’autres coureurs qui ont la même stratégie que moi (partir courir à moitié réveillé ou endormi pour ne pas vraiment réaliser ce que vous êtes en train de faire).

Flo : L’une des choses les plus cool par rapport au running c’est que vous pouvez le pratiquer pratiquement partout sans avoir besoin de grand chose. Il y a beaucoup de points d’eau et de verdure à Berlin, donc si vous connaissez la ville, vous pouvez toujours trouver un itinéraire avec un paysage agréable presque pour vous tout seul (c’est une métropole qui paraît moins dense en population). Peu importe où vous êtes, courir est un super moyen d’explorer une ville, j’essaye toujours d’aller courir peu importe où je suis (cela ne marche pas à chacun de mes voyages mais presque).

Je ne vais pas vous demander quelle est votre paire pour courir même si c’est une question récurrente dans nos portraits. Vous avez des collections de baskets impressionnantes, donc même si vous ne la portez pas ou ne la possédez pas, quelle est votre paire de course à pied préférée ?

Flo : Je ne me suis jamais posé la question, j’ai travaillé exclusivement puis je suis resté très proche d’adidas ces 12 dernières années et j’ai presque essayé toutes leurs chaussures. La adizero adios 3 est ma chaussure favorite pour les runs plus rythmés. Je cours en ce moment en Nimbus 20 mais je serais très curieux de tester une Hoka ou même les dernières innovations de Nike, juste pour découvrir ce que font ces marques. Difficile de mettre en avant une seule paire comme étant la meilleure, je suis très attiré par les modèles actuels car ils possèdent toutes les technologies modernes. Aussi iconique qu’une chaussure puisse être, je trouve qu’elle perd quelque chose en ressortant dans une version retro, elle passe de la performance au lifestyle, de l’état d’outil à celui de jouet.

Jörg : la meilleure chaussure dans cette catégorie, qui a été un peu négligée, c’est la Nike Gyakusou Lunarspider LT+ 2 (coloris bordeaux). En fait, elle n’est pas négligée quand je la porte (en dehors de l’entrainement), les gens m’en parlent à chaque fois. J’aurais dû la doubler parce que je vais vraiment être triste quand la semelle Lunar va commencer à s’effriter.

Des idées de collaborations que vous voudriez voir se réaliser à travers des produits de course à pied ?

Jörg : Le norvégien Patrick Stangbye est un mec super intéressant avec des idées incroyables et ambitieuses. Je pense que ce serait beau de travailler avec lui. Ou Adam Katz Sinding. Des gens qui ont une expertise esthétique, qui sont aussi dans la performance mais qui ne sont pas des athlètes pro. En général, je préfère quand les marques développent elles-mêmes de bons produits, ensuite seulement, elles peuvent donner la possibilité à quelqu’un d’apporter sa touche, ses idées. J’aimerais voir des marques d’outdoor japonaises apporter leur approche à la course à pied, la randonnée. Peut-être qu’avec un savoir faire un peu plus axé sur la performance cela serait encore mieux.

Flo : C’est super de voir que l’industrie se diversifie et que de plus petites marques et entreprises se développent. En général, j’adore voir des interactions entre ces petites structures et les grandes marques, j’ai confiance en ce genre d’associations pour produire les meilleurs résultats. En dehors de ça, ce serait bien de voir émerger une économie circulaire pour tout ce qui est équipements pour la performance, peut-être un service de location ! Quand est-ce que Distance va lancer sa propre marque ?

Est-ce que vous avez prévu de participer à une compétition prochainement ? Le marathon de Berlin ?

Flo : J’étais sensé courir le semi en Avril, on sait tous ce qui s’est passé… Le marathon n’est pas sur ma liste, je dois encore attendre un peu, je ne suis pas encore prêt !

Jörg : Sans façon !

Quels coureurs vous nous recommanderiez d’interroger prochainement pour cette série de portraits ?

Jörg: Patrick comme mentionné plus haut.

Flo : Beaucoup de gens que vous connaissez déjà, je pense à Kase Masatoshi (un vieil ami avec qui j’ai travaillé en Trend Marketing), à chaque fois qu’on se croise, on essaye d’aller courir (il y a une photo de nous deux sur Brooklyn Bridge à New-York que Daichi Ito a pris accidentellement pendant un de ses runs matinaux) et à Andy Barr, il a travaillé pour adidas running et adizero pendant très longtemps, je suis sûr qu’il a de belles histoires à raconter.



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