Jimmy Gressier est probablement l'athlète français le plus prometteur de sa génération. Multiple champion d'Europe de cross dans les catégories jeunes, il est également à l'aise sur route puisqu'il a établi l'hiver dernier un nouveau record d'Europe sur 5 kilomètres : 13 minutes et 18 secondes à Monaco. Nous avons eu la chance d'échanger quelques mots avec le jeune nordiste qui visse régulièrement sa casquette à l'envers au départ des courses.
Tu as arrêté le football pour te consacrer à l'athlétisme. C'est parce que tu n'étais pas très bon ou parce que tu ne voulais pas gagner trop d'argent ?
J’ai arrêté le foot parce que j’avais des qualités dans la course à pied. Les éducateurs m’ont fait prendre conscience que j’avais quelque chose à faire dans ce sport. Je voulais réussir ma vie alors j’ai pris la première porte de sortie. À force de m’entrainer et de participer aux compétitions j’ai pris goût à l’athlétisme, j’ai d’autres objectifs maintenant qui me sont arrivés en tête et je m’entraine pour ces objectifs-là.
Comment s'est faite la transition entre les deux sports ?
Elle s’est faite tout doucement. Pendant deux ans je faisais football et athlé en même temps. La première année je participais uniquement aux compet’ pour l’athlé, la semaine je faisais mes entrainements de foot. Du coup le samedi j’avais match et le dimanche j’étais sur les départementaux, régionaux ou inter-régionaux. La deuxième année j’ai fait la même chose en ajoutant un entrainement d’athlétisme. La troisième année, j’ai complètement arrêté le football pour me consacrer à l’athlé.
Tu fais partie d'une génération très douée (El Bouajaji, Palcau, Hay, Gilavert, etc.), comment t'es-tu imposé comme le leader de cette génération ?
En gagnant les courses tout simplement. J’ai acquis un esprit d’équipe grâce au football du coup avec les gars j’essaye souvent de communiquer, de parler, pas spécialement d’apporter mon expérience mais de leur donner l’envie, de leur mettre les crocs. J’essaye d’être sympathique avec tout le monde, voilà comment ça s’est fait je pense.
Tu as récemment sorti une série de vidéos sur ton quotidien et tes entraînements. Quels sont les messages que tu souhaites faire passer et l'image que tu veux véhiculer?
Pour réussir il faut s’entrainer dur et tout le temps, croire en soi. Je communique pour que les gens prennent conscience de ce que représente le haut niveau, c’est voyager, c’est s’entrainer dur, c’est partager des moments avec d’autres athlètes. J’essaye de communiquer un maximum sur le quotidien d’un sportif de haut niveau.
Ton équipementier a fait beaucoup parler de lui côté innovation, quels sont les produits qui te sont indispensables aujourd'hui ?
Pour moi il n’y a rien de spécialement indispensable, aujourd’hui Nike a créé la Vaporfly et c’est un outil vraiment magnifique avec lequel je me sens hyper bien quand je cours. J’ai l’impression que cette paire diminue mes risques de blessures, je me sens très à l’aise avec ces chaussures. Après il y a d’autres paires comme la Pegasus Turbo pour les footings qui sont très agréables avec un très bon amorti. Textile, etcetera, il y a tout ce qu’il faut chez Nike.
La casquette c'est pour le style ou pour le confort en course ?
C’est les deux maintenant, la première fois que je l’ai mise c’était plus une question de confort, j’avais les cheveux longs, quand je mettais du gel dès que je suais ça coulait dans les yeux, c’était chiant. Du coup j’ai mis la casquette et c’est devenu mon style. Je répondrais donc les deux.
Tu as parlé à plusieurs reprises de réussir ta vie ou de porte de sortie. Tu avais besoin d’échapper quelque chose ou de prendre une revanche ?
Ouais j’avais besoin de sortir de mon quartier pour voir d’autres horizons, pour découvrir la vie, voyager. Une revanche un peu oui pour mes parents qui ont toujours galéré, si je peux réussir dans le sport, je pourrais aussi les aider financièrement, c’est un objectif aussi pour moi. Réussir à gagner sa vie grâce au sport est une source de motivation autant que le fait de rêver d’être champion olympique. Quand tu as vraiment connu la merde, tu as plus de motivation et dans les moments difficiles tu te dis que tu n’as pas le droit d’abandonner après tout ce que tu as vécu, tout ce que tu as vu.
Sur quelle(s) distance(s) te retrouvera-t-on aux JO de Tokyo ?
Là je suis un peu dans le flou, à la base c’était sur 5000 ou 10000 mais là je vais m’entrainer sur steeple. Si j’ai l’occasion de briller sur steeple, j’aurais envie d’être sur le 3000m steeple.
Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter d'ici là ?
Bah d’être champion Olympique!